Le sionisme expliqué à nos "sahab"

Voilà tout juste un an qu’est sortit le livre - ou disons le torchon - "Le sionisme expliqué à nos potes" de l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France). L’UEJF en parlait en ces termes : "Dans le contexte actuel où le sionisme est mal connu et perçu comme une agression, lUEJF a ressenti le besoin de faire oeuvre en publiant un ouvrage explicatif sur les origines et les valeurs [sic] du sionisme". Un an après donc, une nouvelle explication s’impose, plus ancrée je le souhaite sur la réflexion et la connaissance de l’histoire réelle du sionisme. Voilà donc ...
"Dans le contexte actuel où le sionisme est mal connu et perçu comme mouvement pacifique, Oulala - moi en tout cas - a ressenti le besoin de faire oeuvre de pédagogie en publiant un article explicatif sur les origines et la réalité du sionisme."
Le récent assassinat du Sheikh Ahmad Yassin, chef spirituel du Hamas et "adoré" par tous en Palestine nous montre le vrai visage d’Israël. La soit disant seule démocratie du Proche-Orient et du monde arabo-musulman n’est qu’une colonie, un Etat militaire fondé sur la violence, le racisme d’Etat et la discrimination, religieuse ou raciale. Un non Juif ne peut vivre sereinement en Israël, si tenté qu’il puisse y vivre. Selon les fausses vérités communément développées, ces actions ne seraient que le produit d’un sionisme radical, loin de la pensée d’origine des premiers sionistes comme Théodor Herzl. Faux et triplement faux. Il n’y a pas de sionisme de gauche ou d’extrême droite, de sionisme pro Palestinien ou pro Juif ( je ris - jaune - quand j’entends Mr Klugman, président de l’UEJF, se déclarer "sioniste et pro Palestinien" ). Le sionisme est et sera toujours un mouvement raciste, fondé sur la préférence et la mise en avant de la judaïté. Une volonté colonisatrice, "civilisationelle" : "Pour l’Europe nous constituerons là-bas un morceau du rempart contre l’Asie, nous serions la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie " ( HERZL, Théodor. L’Etat Juif trad.française. Lipschutz Paris 1926 p.95.) [1]
Que ce mouvement se soit "installé" en Palestine, en Argentine ou en Ouganda comme ils l’ont souhaité à un moment ne change rien à l’affaire. Cette volonté de créer un Etat composé exclusivement de Juifs ne peut qu’être condamnée. Cette volonté d’avoir pour "eux " un Etat à "eux" ne peut qu’être condamnée. Le peuple Juif a connu les massacres, le racisme, la haine ; mais il ne peut pas sous ces prétextes demander un Etat pour "lui" seul. C’est ignorer le problème et l’amplifier plutôt que de le combattre. Le sionisme est une doctrine ségrégationniste et ostracique, fondée sur la seule religion juive et le nationalisme religieux. Elle refuse l’égalité devant la loi et conduit donc au racisme. Fondée sur des Mythes, relayés sans vergogne par de soi disants intellectuels, de Mr Adler ( un ancien communiste, il faut le faire ; mais qui semble malgré tout un homme désireux de régler ce conflit. Je n’aime pas ses prises de position sionistes, mais je viens de l’entendre à l’emission Riposte sur France 5, au côté de Leila Shahid, il a montré une véritable volonté de faire la paix. Peut être une petite lueur d’espoir pour le futur ? ) à Mr Lévy ( qui témoigne à Israël sa"solidarité de juif et de Français" [2].) Un vrai foutoir, où il serait bien vu de mettre un peu d’ordre.
Dans notre société, quatre mythes puissants ont façonné la conscience de la grande majorité à propos du sionisme.
Le premier c’est celui d’une « Terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Ce mythe a été assidûment cultivé par les premiers sionistes pour faire passer la fiction selon laquelle la Palestine était un lieu perdu, désolé, offert à qui voulait le prendre.[...] Le second c’est le mythe de la démocratie israélienne. D’innombrables histoires dans les journaux ou références à la télévision à l’Etat d’Israél sont suivies de l’affirmation que c’est la seule démocratie "véritable" du Moyen-Orient. En fait, Israél est à peu près aussi démocratique que l’Etat sud-africain [du temps de l’apartheid]. Les libertés publiques, les moyens de les mettre en oeuvre et les droits de l’homme les plus fondamentaux sont déniés par la loi à ceux qui ne répondent pas à certains critères raciaux et religieux. Le troisième mythe, c’est celui de la "sécurité" comme force motrice de la politique étrangère d’Israël. Les sionistes affirment que leur Etat doit être la quatrième puissance militaire mondiale parce qu’Israël a dû se défendre contre la menace immédiate de masses d’Arabes primitifs, consumés par la haine, qui viennent tout juste de descendre de leurs arbres. Le quatrième mythe c’est celui du sionisme comme légataire moral des victimes de l’ Holocauste. C’est là à la fois le mythe le plus répandu et le plus insidieux sur le sionisme. [3]
Il est important de rétablir la vérité. Pour que Mr Chirac ne reçoive plus de "dignitaires" Israéliens, à l’image de la future visite de Mr Sharon en France ( Sharon, "le colon, le voleur de terres, le corrompu, le hors la loi, l’ennemi de la paix, le raciste, le fauteur de guerre civile" ) ; pour que les médias partisans cessent de nous abreuver de l’image de l’arabe barbare contre l’Israélien civilisé, défenseur de la démocratie, attaqué par tous ces "terroristes". Je ne soutiens pas Israël, ni même son existence. Le propos peut choquer, qu’importe. Je ne soutiens pas l’existence d’Israël, même si Mr Arafat l’accepte - par dépit - et que la communauté internationale en fait autant. Il est sur qu’il est indispensable pour un temps de séparer les deux peuples en deux Etats indépendants ( mais pas par un mur ). Mais la vraie réponse au problème est la naissance d’un Etat fort, laïque, d’un Etat unifié sur tout le territoire de la Palestine. Une véritable cohésion nationale entre les deux peuples, autour d’un même drapeau et d’un même pays. Ce serait la meilleure réponse à tous les extrémismes, des deux côtés. Je ne cautionne pas Israël, parce que je ne cautionne pas la colonisation, qu’elle ait été Européenne ou Israélienne. "Nous ne pouvons offrir aucune compensation contre la Palestine, ni aux Palestiniens, ni aux Arabes. Par conséquent, un accord volontaire est inconcevable. Toute colonisation, même la plus réduite, doit se poursuivre au mépris de la volonté de la population indigène. Et donc, elle ne peut se poursuivre et se développer qu’à l’abri du bouclier de la force, ce qui veut dire un Mur d’acier que la population locale ne pourra jamais briser. Telle est notre politique arabe. La formuler de toute autre façon serait de l’hypocrisie" [4]. Et vous me dîtes que le sionisme est un mouvement de paix !
Je pense que les Juifs pourraient vivre en paix en Palestine dans un Etat unifié, autour de valeurs démocratiques et laïques, un Etat binational. Ce ne sont pas des "Juifs" qu’ils ne veulent pas en Palestine, c’est d’un Etat colonisateur. Les Israéliens se présentent comme les victimes d’un monde arabe antisémite jusqu’à l’os, depuis des millénaires. N’oublions pas que le monde arabo-musulman a été le seul à accepter les Juifs au Moyen Age, pourchassés de chez ce bon occident, lui c’est sûr antisémite jusqu’à l’os [5]. L’antisémitisme ne s’est "déclaré" qu’avec la volonté non voilée des sionistes d’établir un Etat Juif en Palestine. Cet antisémitisme qui peut se dégager est à condamner fermement, par tous les moyens, mais il n’est pas comme ils essayent de nous le faire croire dans les "gènes des Palestiniens".
Le conflit n’a pas pour origine un problème religieux, c’est un problème politique. Cet Etat se serait implanté en Chine que ma colère serait identique. Un Etat voyou en Chine ou au Tibet est un Etat voyou. Tout comme la communauté internationale a critiqué l’apartheid Sud-africain ou le problème des noirs aux USA - tout çà bien tardivement c’est sûr - , elle se doit de le faire pour la politique Israélienne de "génocide" envers le peuple Palestinien, de colonisation exterminatrice sur cette terre. C’est une question de responsabilité. Il ne faudra pas dire que l’on ne savait pas.
"Avec ce livre nous voudrions être mieux compris de nos potes : nous sommes sionistes et nous renions rien de notre citoyenneté ou de notre antiracisme"[sic] à déclaré sans honte Patrick Klugman, président de l’UEJF. Alors je dirais qu’avec cet article nous voudrions faire mieux comprendre à nos "sahab", s’ils ne le savent pas encore, que nous sommes antisionistes, sans relâche, et que nous sommes fermement antiracistes. Notre lutte n’est pas fondée sur l’antisémitisme, quoi que le CRIF puisse déclarer, tout récemment encore ( "La France doit rejeter, au nom des valeurs qui font la démocratie, des formations qui fondent leur programme politique sur la haine, l’antisémitisme, le racisme, la peur et l’exclusion. [...] - le CRIF appelle - à sanctionner les formations d’extrême gauche trotskistes en raison de leur antisionisme intransigeant" - MIDI LIBRE / 24 mars 2004 ). Je n’ai pas honte de dire que je suis antisioniste, toutes les luttes contre la barbarie et le mensonge sont de grandes luttes, et je suis fier d’y participer, si peu, à ma manière. L’UEJF ou le CRIF n’ont pas le monopole de la parole sur le sujet, il n’est pas nécessaire comme ils tentent de le faire croire d’être Juif ou Musulman pour être intéressé et prendre position sur le sujet. Alors je prends position, et c’est du côté des victimes, des Palestiniens. Et contre les bourreaux...
"La résolution d’un aussi long conflit historique est possible seulement si chaque côté est capable de comprendre le monde spirituel national de l’autre et disposé à l’approcher comme un égal. Une attitude peu sensible, condescendante et autoritaire exclut n’importe quelle possibilité d’une solution d’accord" [6]
[1] Tiré de l’article UNE BREVE HISTOIRE DU SIONISME sur le site de l’AFPS
[2] Tiré du livre "Le sionisme expliqué à nos potes", et cité par Mr Ramadan dans sa "Critique des (nouveaux) intellectuels communautaires", si décriée
[3] Tiré de l’ HISTOIRE CACHEE DU SIONISME, sur le site d’Assassin Production
[4] Jabotinsky dans "Le Mur d’acier", 1923
[5] lire sur le sujet le spécial HISTOIRE, "Juifs et Arabes, mille ans de cohabitation, cent ans d’affrontement" (Mai 2000)
[6] Gush Shalom, QUATRE-ViNGTS THESES POUR UN NOUVEAU CAMP DE LA PAIX EN ISRAEL, cité dans "Les 15 dates clefs du conflit israélo-palestinien", par l’association France Palestine solidarité ( octobre 2002 )
Illustration : Yves Olry
A lire sur le sujet, sur internet
"Le sionisme réexpliqué à nos potes" sur le site d’Oumma
"Sionisme, nationalisme palestinien et nouvelle Intifada" sur le site de Pouvoir-ouvrier
"Palestine - Histoire d’une colonisation" sur le site du MIB